Le Château des Songes
et des Échos du Passé
Jadis, Blois vit le cœur d’une douleur amère,
Quand Louis d’Orléans sombra dans la poussière.
Valentine, sa veuve, au Valois refusa,
Pour Blois, son doux refuge, où son âme resta.
Le temps, grand voyageur, vit les ligueurs sans trêve
Prendre et laisser ce fief, comme un lointain doux rêve.
Puis Louis Treize, au faîte, d’un pouvoir souverain,
Brise Pierrefonds, forteresse d’airain.
Richelieu, ardent maître, en mil-six-cent-dix-sept,
Sous l’assaut des boulets, vit le château parfait.
S’effondrer en débris, le lierre l’étreignant,
Offrant aux promeneurs un décor captivant.
Des ruines « romantiques », au charme infini,
Où l’âme des poètes s’est longtemps réunie.
Mais un jour, Napoléon, l’Empereur visionnaire,
Ébloui par l’éclat de l’Expo luminaire,
Vit en ces pierres mortes un espoir éclatant.
La France, par ce lieu, verrait son art flottant.
À Mérimée il parle, à Viollet confie
Le destin de ces murs, cette antique utopie.
Ce Moyen Âge mort, le grand Viollet-le-Duc,
Par son génie ardent, de l’oubli le caduque,
Fit renaître ce rêve, presque disparu,
D’un château resplendit, enfin recréé et revu.
Aussi mon objectif, mon regard de lumière,
Parcourt ces mêmes murs, cette immense carrière.
Chaque cliché révèle, en la pierre et l’éclat,
La trace d’un passé que l’ombre ne défait.
Je photographie l’âme, le souffle d’un grand maître,
Cherchant Viollet-le-Duc à travers chaque fenêtre.
Dans l’onde des lumières, le jeu de l’ombre et l’art,
Je perçois son labeur, son unique regard.
Mes œuvres artistiques, nées de ce lieu sacré,
Témoignent du génie, jamais effacé.
Elles capturent l’écho, le silence éloquent,
Des hommes du passé, du temps qui fuit, ardent.
Entre les salles vastes, les murailles sans voix,
Je sens les échos doux de ses savants exploits.
Des traces du passé, gravées sur chaque pierre,
Un témoignage ardent que le temps ne peut taire.
Volontaire ou non, l’empreinte de leurs mains
Se lit sur ces grands murs, au gré des parchemins.
Sous les toits redessinés, dans l’ombre et la clarté,
Leur présence murmure, une douce vérité.
Christophe Glaudel / 1991